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Thomasine saignait. Se tenant le genou avec la main pour éviter que le sang ne coule trop, elle traversa la cour en boitillant vers la maîtresse qui ne semblait pas avoir remarqué la fillette qui s’était étalé de tout son long sur le béton de la cour de récréation.
Thomasine saignait. Se tenant le genou avec la main pour éviter que le sang ne coule trop, elle traversa la cour en boitillant vers la maîtresse qui ne semblait pas avoir remarqué la fillette qui s’était étalé de tout son long sur le béton de la cour de récréation.
-Qu’est-ce
que… ?
Les bras
croisés sur son gilet jaune, la maîtresse regarda autour d’elle, comme si le
temps avait pu être remonté et qu’elle avait pu savoir ce qu’il s’était passé.
Thomasine avait juste trébuché en courant après Maé, son amoureux du moment.
Bêtement, son pied s’était pris dans son jean trop large et elle s’était étalée
de tout son long sur le béton trop dur de l’école primaire Rosa Bonheur.
Ce n’était pas la première fois qu’elle
s’écorchait car, Maé courait vite. Très vite. Mais pour la première fois, elle
s’était vraiment fait mal. A 8 ans Thomasine, préférait jouer avec les
garçons… ils posaient moins de questions, faisait moins de chichis… Mais elle
n’en restait pas moins une fille ! Seule, à la maison, elle jouait à la DS ou lui préférait les Barbies, qui avaient l'avantage de la faire rêver de Ken et de prince charmant…
Pour le
moment, elle attendait de la maîtresse, pour qu’elle fasse cesser la douleur à l’aide
de produits miracles et autres pansements magiques… L’institutrice la fit
rentrer dans le hall vide de l’école. Les baskets de la fillettes collaient au lino vert et
donnaient un rythme saccadé par le boitement que lui provoquait sa blessure.
Mais la jeune femme qui l’accompagnait ne semblait y prendre garde. Elles
longèrent le couloir du rez-de-chaussée passait devant la classe de CE2 de Mr
Roziot, passèrent sous l’escalier qui montaient aux classes de Cm2, et
arrivèrent enfin dans la salle des maîtres. Ce périple, lui semblait plus
difficile qu’une épreuve de Fort Boyard, mais peu importe, dans quelques
minutes, son calvaire serait terminé…
Plus que la blessure, ce qui l’agaçait
beaucoup, c’est qu’une fois de plus, elle n’avait rien vu venir: trois ans
étaient passés depuis la prédiction du car. Depuis elle avait prédit une
noyade, la crise cardiaques de son père et pleins d’autres petits événements.
Mais à chaque fois qu’elle tombait ou qu’elle était concernée par ce qui
arrivait, elle n’avait aucune prédiction.
C’était
stupide, et agaçant que son don ne soit réservé aux autres. Mais de toute
façon, elle devait bien admettre que les choses étaient comme ça. De toute
façon elle devait faire contre mauvaise fortune bon cœur. Elle avait une
différence, qui faisait d’elle un être à part.
Pendant que
l’institutrice préparait ce qu’il fallait pour la soigner, Thomasine
s’imaginait être une fée, pouvant soigner son genoux rien qu’en le regardant.
Elle savait que, dans sa famille, d’autres gens avaient des pouvoirs. Y-en
avait-ils qui pouvaient soigner les blessures ? Assise sur sa chaise
Thomasine ne cessait de regarder sa plaie et les différentes égratignures
qu’elle avait le long du corps.
Elle avait
passé ses trois dernières années à jongler entre ses prédictions et ses
mensonges. Au début de chaque année scolaire, il fallait recommencer, dans une
nouvelle école, de nouveaux camarades et de nouveaux instituteurs. Sa mère préférait « agir par
sécurité », même si probablement tout le monde, après sa première prédiction
avait oublié cet évènement. Mais à chaque fois, c’était comme un déchirement
pour elle de quitter les gens qui commençaient à compter pour elle. Madame
Dupouille par exemple, elle, qui était là en train de la soigner, qui l’avait
rassurée le soir où son père avait eu son accident cardiaque, qui lui avait essuyé les larmes de son premier 0 en dictée… Elle savait que l’année prochaine
elle ne serait pas dans sa classe contrairement à la plupart de ses camarades
Elle observait
son institutrice, tapoter sa plaie avec un liquide qui semblait arracher la
peau de son bras.Le vernis rouge mal posé sur ses doigts, commençait à
s’écailler. Quand elle leva les yeux vers son visage, elle la trouvait toujours
aussi jolie, mais elle remarqua un regard triste sous sa frange brune.
Puis soudain,
Thomasine ne sentait plus rien. Elle connaissait trop bien cette sensation.
Depuis longtemps, Thomasine ne luttait plus et se laissait porter vers ces
nouvelles images.
Elle voyait sa
maîtresse tenant une petite fille tibétaine
dans les bras, des larmes roulant sur ses joues… Le regard triste de
l’institutrice s’était mué en bonheur palpable.
La petite fille, qu’elle tenait dans ses bras
avait été baptisée Lisa par ses nouveaux parents. Les cheveux noirs de la
fillette dépassaient d’une couverture bariolée. Elle devait avoir 7 ou 8 mois
et souriait à tout va comme si elle avait conscience du nouveau monde qui
l’attendait.
Mais très vite la vision
disparue. La voix de la maîtresse la rappelait doucement vers le monde
réel. :
-Thomasine, c’est fini, tu
peux y aller, maintenant ça va se soigner tout seul tu sais…
Mais la fillette était
empreinte de cette vision. Elle observa la maîtresse ranger le mercurochrome et
les pansements, dans sa longue robe verte, qui la faisait ressembler à une
petite fille.
- Lisa c’est un joli prénom,
lâcha la fillette
Arrêter dans son élan,
l’institutrice s’arrêta de se mouvoir, laissant le temps à Thomasine de prendre
la poudre d’escampette. Madame Dupouille, hésita un instant à la rappeler, mais
pour dire quoi? Elle finie de ranger les boîtes dans le placard à pharmacie, et
un peu déboussolée par l’évènement fini par se persuader que tout cela n’était
que le pur produit de son imagination…
Thomasine quant à elle
savait qu’elle se devait à plus de prudence…
Arrivée dans la cour, elle se redressa pour regarder sa
blessure en espérant y voir le présage d’un incident futur, mais elle n’y vit
que le pansement à tête de mickey. Au
mieux elle devinait la coupure en dessous qui lui faisait encore mal. Essayant
d’oublier la légère douleur de son genou, elle retourna jouer avec ses
camarades.
À la
fin de la journée, lorsqu’elle rentra à la maison, il y avait une pile de
livres posés sur son vieux bureau en chêne, que Thomasine devait classer avant
les vacances : il y a eu ceux qu’elle devait garder pour l’année prochaine
et ceux qu’il fallait rendre à Madame Mermet, la documentaliste, pour qu’elle
puisse les prêter aux nouveaux CE2 l’année prochaine. Elle préférait s’y mettre
tout de suite afin de pouvoir ensuite profiter des derniers rayons du soleil.
Assise sur la moquette mauve, elle étudiait un par un, les différents livres, à
la recherche de la petite fiche rose qui indiquait qu’elle devait le rendre à
la bibliothèque de l’école. Le chaton poussa doucement la porte pour venir se
loger dans le fauteuil en osier qui
ornait le coin de la chambre. C’était le dernier cadeau de son père pour la
consoler de ce nouveau départ. Siméon n’avait que deux mois, mais semblait déjà
avoir élu domicile dans la chambre acidulée de Thomasine. Le fauteuil de la
fillette semblait être devenu son endroit de prédilection pour les longues
siestes qu’il s’octroyait à longueur de journée.
Thomasine
prenait son temps, elle avait l’impression que le temps n’avancerait pas si
vite si elle le prenait. Demain, c’était le dernier jour de classe et à
nouveau, elle perdrait ses amis… Et tout ça pour une raison qu’elle ignorait…
Une sensation de colère envahit la fillette. Elle repensait à Maé son amoureux,
Zoé, Eleona, Ambre, Jules, Alexis, et
madame Dupouille… Elle aurait aussi voulu voir sa tête à son retour du Tibet,
son bonheur face à son nouveau rôle de mère, elle aurait voulu partir en classe
de neige l’année prochaine… Elle feuilleta nerveusement un livre d’histoire
qu’elle n’avait pas encore classé. Une page sur la fuite à Varennes du roi
Louis XVI et sa famille attira son attention. Elle se souvenait d’avoir déjà lu
ce passage avec sa classe au mois de décembre mais sans bien savoir pourquoi
elle eu besoin de le relire. Elle s’enfonça dans le fauteuil, chassant d’un
coup le chaton qui s’y était endormi.
21 juin 1791
La fuite à Varennes
Dans la
nuit du 20 au 21 juin 1791, une berline lourdement chargée s'éloigne de Paris.
À son bord le roi Louis XVI, la reine Marie-Antoinette et leurs deux enfants,
Madame Élisabeth, la soeur du roi, et la gouvernante des enfants.
Premiers déchirements
Onze mois
plus tôt, le roi et son peuple célébraient ensemble la Fête de la Fédération.
La Révolution semblait close et la monarchie constitutionnelle bien installé.
Mais les relations entre Louis XVI et les députés de l'Assemblée constituante
allaient très vite être confronté à la politique religieuse.
Le tribun
Mirabeau suggère au roi qu'au cas où la collaboration avec le gouvernement
révolutionnaire deviendrait impossible, il lui resterait la possibilité de
quitter Paris pour prendre la tête de troupes favorables à sa cause et rentrer
dans la capitale afin de mettre un terme à la Révolution.
Le tribun
meurt le 2 avril 1791. Et le 18 juin, les Parisiens empêchent Louis XVI de
quitter les Tuileries pour Saint-Cloud, où il veut fêter Pâque. Pour le roi,
très pieux, c'en est trop. Encouragé par le comte suédois Axel de Fersen, il
décide de mettre en pratique le conseil de Mirabeau et de rejoindre le quartier
général du marquis de Bouillé, à Montmédy, près de la frontière avec le
Luxembourg. Il sait que ses troupes sont dévouées à la monarchie.
Fuite maladroite
Le matin du
21 juin, quand la disparition du roi est constatée, l'alerte est donnée et le
marquis de La Fayette, commandant de la garde nationale, envoie des courriers
dans toutes les directions pour ordonner l'arrestation des fuyards. Entre
temps, la berline royale prend beaucoup de retard sur l'horaire. Le soir, elle
arrive à Sainte-Ménehould, en Champagne, mais le détachement de hussards
envoyés par le marquis de Bouillé pour assurer sa protection n'est pas en
selle.
Les
villageois, intrigués par le remue-ménage, laissent partir la berline suspecte
mais retiennent les hussards. Dans le même temps, le fils du maître de poste
Drouet, mandaté par la municipalité, saute sur un cheval et, prenant un chemin
de traverse, devance la berline à l'étape suivante, Varennes en Argonne. Il
alerte les habitants et le procureur de la commune, l'épicier Sauce. Quand
arrive enfin la famille royale, elle est arrêtée et invitée à descendre de
voiture.
C'est le
soir. Le tocsin sonne. Les villageois, menaçants, se rassemblent autour de la
maison de l'épicier où sont reclus les prisonniers.
Louis XVI et la fuite à Varennes-sur-Argonne
(Paris, cabinet des Estampes)
Le 23 juin
au matin, la berline reprend le chemin de Paris, escortée de trois députés.
Elle entre à Paris deux jours plus tard, dans un silence funèbre, les badauds
ayant ordre de ne pas prononcer un mot.
Le roi est
ramené au palais des Tuileries et placé sous la«surveillance du peuple». Il est
provisoirement suspendu de ses pouvoirs. Pour la bienséance, l'Assemblée
qualifie la péripétie de Varennes d'«enlèvement» et non de «fuite». Mais la
confiance entre la monarchie et la Révolution est brisée, d'autant plus que
l'on soupçonne le roi de collusion avec l'étranger, voire de trahison.
Lorsqu’elle eu
terminé sa lecture, Thomasine scruta l’image qui illustrait la leçon. Ces
visages, ces expressions ; ces regards lui rappelaient vaguement quelque chose.
Elle avait
l’impression de connaître cette scène. Par ailleurs quelque chose dans l’image
était faux. Elle pensait bien connaître cette histoire, mais quelque chose lui
semblait injuste, faux et accusateur… Elle n’avait jamais pensé à ces êtres
comme des êtres existants, ayant vécus mais là, elle avait la sensation de
ressentir leur souffrance, leurs peurs et leurs douleurs. C‘était comme si elle
avait donné vie elle-même au roi et la reine de France. Comme si elle était
intime avec eux, comme si… Mais sa pensée fut interrompue par une image très
fugace. Elle était une enfant, un bébé même dans les bras d’une femme qui
semblait être sa mère. La douceur de la jeune femme ne laissait pas de place au
doute quant à son rôle. La reine était là, avec une enfant à peine plus jeune
qu’elle, elle percevait les boucles blondes des fillettes, le rire des jeunes
femmes dans la douceur des jardins de Versailles…
Mais très vite
l’image lui échappa.
C’était une
vision. Une vision du passé mais une vraie vision. Elle avait vu le passé. Elle
l’avait vécu, elle en était sure mais comment était-ce possible ? La reine
Marie-Antoinette ? Sa fille ? Comment avait-elle pu vivre cela ?
Elle en était sure, elle les avait reconnu, tout comme les jardins du château
où elle n’avait pourtant jamais mis les pieds…
La seule qui pouvait répondre était sa mère.
Elle se devait de répondre maintenant, Thomasine devait comprendre !!!
Elle dévala
les escaliers à la recherche de sa mère. Elle la trouva affairée à préparer une
salade de tomate pour le repas du soir. Elle lui raconta sa vision, son
impression d’importance de cette vision, la sensation de la soie sous ses
doigts, le sourire jovial de la reine, ses boucles d’oreilles scintillantes
dans le soleil des jardins de Versailles…
Elle décrit avec exactitude cette sensation de
réalisme que lui avait offert cette vision. Sa mère ne pouvait être que touchée
par cette vision si excitante dans sa tête de petite fille.
Mais Philomène
n’eut pas la réaction escomptée. Déjà, elle avait pris cet air fermé qu’elle
avait dès que sa fille s’approchait de trop près de ce secret qu’elle ne
voulait pas livrer. Elle continuait à couper la mozzarella sans lever la tête
de façon à ne pas croiser le regard décidé de sa fille.
- Tu ne peux pas tous prendre
pour vision Tom… Tu lisais un livre peut-être as-tu eut une imagination un peu débordante.
- Maman, tu sais que c’est
faux, tu dois me dire la vérité,… Je…
- Tom ça suffit.
Philomène releva les yeux. Son regard sévère se
planta dans les yeux de sa fille.
- Je t’ai déjà prévenue :
je ne veux plus parler de ça ! Tu dois être une petite fille comme les
autres, sinon, un malheur terrible…
- M’arrivera ! termina la
fillette, mais quel malheur maman ? Le malheur pour moi c’est d’avoir
quelque chose en moi et de ne pas savoir ce que c’est. C’est comme si j’avais
une maladie et que tu ne voulais pas me dire laquelle !!!!
- Ça suffit Tom, tu ne me
parles pas comme ça je suis encore ta mère.
La colère froide de sa mère
n’arrêta pourtant pas la fillette
- Une mère qui cache des
choses importantes à sa fille !!! De quoi tu as peur ??? Hurla
Thomasine.
Le bruit de la porte
d’entrée qui claquait résonna dans toute la maison et une voix cria :
- Bonsoir, mes petites femmes…
Alban Bastille avait
toujours la même petite phrase depuis huit ans à chaque retour du travail. Il
rentrait tard depuis la naissance de sa fille et détestait manquer ces moments
en famille. Mais son poste de chef d’entreprise ne laissait pas de place pour
ce luxe.
Mais ce soir, une tension palpable régnait
dans la cuisine.
- Bonsoir, répondirent en
chœur de façon glaciale la mère et la fille.
- Assieds-toi, lui intima
Philomène.
Alban eut l’air surpris du
ton impératif qu’avait pris sa femme, mais il obtempéra.
- J’ai changé d’avis, repris
fermement Thomasine, je ne veux plus aller dans cette nouvelle école.
- Tu sais que ce n’est pas
possible Tom, repris son père, calmement.
- Non, je sais que c’est
possible, vous mentez ! Vous mentez toujours ! Je vous fais plus
confiance, plus jamais ! De toute façon, je saurais, je vais découvrir les
choses si vous ne voulez pas me le dire.
- Ne parle pas comme ça à….
Commença sa mère, mais elle fut coupée par son mari qui lui jeta un regard
transperçant.
- Tout ça ce sont des
mensonges, je te dis, repris Thomasine de plus belle, c’est décidé, je vous
crois plus. Je n’irais pas à cette école, je ne bougerais pas d’ici !
Albin regardait sa fille et
ressentit la colère qui la traversait. Albin Bastille était par nature plus
calme et moins têtu que sa femme. Il n’avait jamais voulu se positionner au
sujet du don de sa fille. Il ne jugeait pas ça comme un don mais comme une
différence. Comme le jeune Amaury trois ans plus tôt, il considérait cela comme
quelque chose qui n’avait pas plus de différence que des yeux bleus ou
la peau noire. Il n’avait jamais fait grand cas de cet aspect des choses.
C’était sa fille, point. Mais il devait admettre qu’au-delà de ça, ils vivaient
dans une société où la différence faisait peur, et celle de Thomasine n’était
pas petite !!! Quant à Thomasine, elle avait toujours pensé que son père
savait lui aussi des choses mais qu’il s’était tue pour respecter le secret de
sa femme.
- Tu pourrais te mettre en
danger, Tom…Reprit elle
- Mais quel danger ? J’ai
bien gardé le secret jusqu’à maintenant !!! J’y ai bien réfléchi et c’est
pour protéger votre peur que vous voulez me faire changer d’école mais moi je
veux plus !
Thomasine remonta les
escaliers en courant. Elle claqua la porte et s’écroula sur son lit en pleurs….
Siméon sursauta à cette entrée et vint se loger au creux de son flan comme pour
la consoler.
Elle entendait ses deux parents discuter vivement à l’étage
du dessous. Ses sanglots cessèrent. Elle essuya ses larmes avec son pull en
laine bleu puis elle entrouvrit la porte pour percevoir la discussion. Mais
seules des bribes de mots lui parvenaient, elle se glissa discrètement sur la
première marche et s’y assit.
Elle se demandait parfois comment ses parents
ne s’étaient jamais doutés de son stratagème. Elle n’était jamais descendue
plus bas car elle savait que la seconde et la troisième marche craquait sous
ses pas.
Mais déjà, la première bribe
de phrases qu’elle entendit la terrorisait :
- … Impossible… Solution…
Déménager…
La voix de son père était
bien plus perceptible car, sous le coup de l’énervement, il commençait à
hausser le ton.
- Non ! ça suffit Phil,
on la prive de ses copains chaque année, ça fait cinq ans que tant bien que
mal, elle s’adapte, elle se fait de nouveaux amis. Je n’ai jamais rien dit
jusqu’à maintenant, mais on est en train de la rendre malheureuse !
- Tu le sais Al, c’est le prix
à payer ! ça fait 200 ans que chaque génération de nos familles vivent
ça ! Nous aussi on a fait des sacrifices !
- On était au courant depuis
le début, on savait… Il faut lui parler pour la protéger.
- On savait et ça ne nous a
jamais protégé ! Si on parle Al, s’en est fini pour nous…
- On a pu préparer nos vies
Phil !
- Je la protège, Ok ? Et
si ça ne te plait pas…
- C’est Tom qui a raison, il
n’y a que toi que tu protèges dans cette histoire !
La fin de la phrase fut
ponctuée par le claquement de la porte de la maison. Un sentiment de vide et de
solitude envahit la fillette. Elle n’avait jamais vu ses parents se disputer
aussi fort et elle ne savait pas s’ils allaient s’en remettre. Mais elle
n’écarta pas non plus les paroles qu’elle avait entendues. Ça faisait 200 ans
que sa famille était concernée. Mais concerné par quoi ? Et pourquoi ses
parents avaient été concernés par ce secret ? Et pourquoi si son père
voulait lui parler ne l’avait-il jamais fait ? Et pourquoi lui aussi
était-il concerné ? Ce secret ne concernait-il pas uniquement la famille
de sa mère. Thomasine devait admettre qu’étant donné la façon qu’avaient ses
parents de parler du secret, elle ne devait pas attendre une réponse de leur
part. Mais qui ? Elle avait déjà tenté d’interroger sa tante Lau, mais
celle-ci ne lui avait répondu que par des phrases très troubles qui ne lui
parlaient guère.
Ses parents étaient fâchés avec leurs propres
parents, cela remontait bien avant sa naissance. Elle n’avait jamais su
vraiment pourquoi. Elle avait trouvé quelques vieilles photos de ses
grands-parents , mais c’était tout. En dehors de la famille, elle n’avait
jamais entendue dire que qui que ce soit avait été au courant. Pourtant à plusieurs
reprises sa mère lui avait dit que « certains avaient parlé ». Mais
qui l’avait fait ? Et à qui ? Et pourquoi cela les avait mis en
danger ?
Thomasine
se coucha, mais ne dormit pas de toute la nuit. Elle attendait le retour de son
père, mais elle n’entendit la porte ne grincer qu’au petit matin, lorsque les
premiers rayons du soleil apparurent derrière les persiennes.
Elle pu enfin éteindre sa veilleuse et s’endormir
dans le bruit de pas de son père rejoignant la chambre parentale.
Au petit matin Thomasine
croisa le regard de sa mère, dès la sortie de sa chambre. Philomène emmitouflée
dans grand peignoir, émit un sourire gêné à l’encontre de sa fille. Elle savait qu’en cet instant toutes les
deux éprouvait le même malaise. Puis sa mère repris son chemin vers la salle de
bain et Thomasine pris la parole :
- Et sinon hier vous avez fait
quoi ?
Elle vit sa mère se
retourner et lui jetant un air mi- surpris, mi-amusé, elle lui répondit :
- Ton père est allé faire un
tour, il avait besoin de faire du sport, quant à moi, j’ai repris mes cours de
cuisine
- Ah, bah, j’ai cru que
c’était vos cours de théâtre. N’était-ce pas un
extrait de cette pièce… « Scène du IV chez les Bastilles »,
reprit-elle sur un ton ironique.
- Je suis épaté par ta culture
ma fille, lui répondit son père qui déjà était dans l’encadrement de la porte à
rire de leurs retrouvailles difficiles.
Thomasine éclatait de rire
bientôt suivi par ses parents. Ils ne purent s’en empêcher. C’était leur mode
de fonctionnement, dès que l’un d’eux se disputait avec l’autre, seul l’humour
les rapprochait.
Bon moi je kiffe l'histoire et je suis impatiente de connaître la suite!
RépondreSupprimerAlors le mauvais com est celui là : pas facile de lire avec le fond derrière! Bon ok, c'est un mauvais com' de forme!
Allez je vais partager!
Bisous
oui Julie,je viens de m'en rendre compte.... Faut que je rectifie ça...
Supprimerje viens de commencer... mais je dois tout de suite te faire une remarque constructive : évite les phrases longues, longues, longues !
RépondreSupprimerAh!!! Génial, je prend. Ok, Réduire les phrases c'est notée!!!
SupprimerComme dit sur ton autre blog, noir sur noir... ^^
RépondreSupprimerMoi j'aime bien aussi.
Mon seul soucis c'est que je n'aime pas lire de long texte sur mon ordi du coup, il y a des passages que je fais en diagonal (mais ça, ce n'est pas de ton fait).
Donc : A quand le suite ?
Oui je vais changer celà... Pour les saut, dans les meilleurs romans je le fais aussi... La suite sera éditer tous les dimanches si ça te dit!
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