samedi 26 janvier 2013

Chapitre V: Une nouvelle vie


C’était le jour de la rentrée. Thomasine ne s’était jamais habituée à ce jour si particulier pour elle. Chaque année, elle devait faire preuve d’imagination pour aller à la rencontre de ses camarades. Depuis des années elle avait élaboré des stratégies qui lui permettaient de rentrer en contact de façon intelligente et de ne pas perdre son temps avec ceux qui lui attireraient des ennuies ou des questionnements.

Sur le chemin du collège, elle se répétait les règles de conduites qui la conduiraient vers ceux qui deviendraient probablement ses amis et qui ne lui poseraient pas trop de problèmes.

 La technique était simple : ne parler à personne tant qu’une classe ne lui avait pas été désignée et repérer les groupes immuables qui existent dans toutes les écoles qu’elles avaient fréquentées :
-       Les chefs (groupe de garçons un peu prétentieu qui mènent à la baguette les autres : à éviter, au risque d’être la prochaine fille sur leur liste de conquêtes). Elle les repérait à leurs vêtements très à la mode, leur regard enjôleur et hautain la fois.
-       Les lolitas (A éviter : à la première faute de goût, on est exclus du groupe et bannie de la classe). Elles menaient les filles par le bout du nez par leur vêtement très « hype » et leur côté Paris Hilton. Dédaigneuse et plutôt jolie, elles enchaînaient à treize ans les baisers avec la langue et les drague ouvertement « hot » qui donnaient un vrai décalage avec leur âge.
-       Les loosers (on évite tout court). Souvent seuls et mise à part par les autres, elle se devait de les éviter, si elle ne voulait pas, elle aussi devenir une pariât dans la classe.
-       Les transparents (mes futurs amis : on leur fout la paix et l’on peut se permettre d’avoir une vie scolaire tranquille). Comme leur nom l’indiquait, personne ne les voyaient, ils n’enviaient personne et «était plutôt bien vu dans une classe car malgré un look stylé et des passions normales pour des ados de treize ans, il ne jugeaient personne et faisaient peu de bruit…

Thomasine leva la tête. Au bout de la rue se dessinait les premiers visages de ceux qui l’accompagneraient cette année. Elle devinait déjà le style de chacun et le groupe auquel ils appartenaient… Elle fut surprise de percevoir tant de lolitas… Et si peu de transparents…

Les listes des classes étaient déjà inscrites sur le mur d'entrée du collège. Elle n’eut aucune difficulté a repérer son nom en tête de liste. « Salle 208, professeurs principaux, Madame Belotti »

Bien. Il y avait des choses immuables dans chaque établissement :
-       Les salles commençant par 1 sont au premier étage, par 2 au second…
-       Les salles sont toujours des chiffres pairs
-       Les groupes sont toujours les mêmes
-       La salle de profs est toujours pleine à la récréation
-       Les garçons les plus beaux jouent au basket à la récréation

Il restait un quart d’heure avant la rencontre avec sa classe. Un peu de solitude lui ferait du bien.
Thomasine longeait le couloir « 202, 204, 206… » Elle était rassurée, la salle 208 semblait se trouver à l’angle de deux bâtiments ce qui lui promettait un vrai moment de calme.

Mais en tournant au coin de la salle, Thomasine n’était pas seule…

« Salut » lui lâcha dans un demi-sourire le garçon qui était assis devant la porte
« Salut »

Un rapide coup d’œil ne suffisait pas à Thomasine pour définir à quel groupe ce type pouvait appartenir. Le simple fait qu’il soit là, seul, à lire un livre, un quart d’heure avant la rentrée officielle  le rangeait effectivement dans la catégorie « looser »,   mais son T-shirt de Muse et son jean Levi’s le rendait fréquentable… C’est la première fois que la jeune fille se trouvait face à une telle énigme…

Le jeune homme rangea son livre et lui décrocha un sourire qui la déstabilisa quelques peu… Les cheveux noirs en broussaille, un chèche autour du coup, il ne semblait nullement étonné de la présence de la jeune fille devant cette classe.

-       Toi … Tu es nouvelle…

C’est la première fois que quelqu’un la prenait de cours dans son entreprise d’analyse…

-       Ça se voit tant que ça ?
-       Ne t’en fait pas tu as affaire à un expert en tête nouvelle… Nouvelle année, nouvelle école !!!
-       Comment tu le sais ?
-       Quoi ?
-       Que chaque année je rentre dans une nouvelle école ?

Un silence d’incompréhension s’installa entre les deux jeunes gens…
-       Je parlais de moi… Lui glissa doucement le jeune homme

Voilà pourquoi Thomasine n’arrivait pas à le caser… Parce qu’il faisait partie du même groupe qu’elle : les itinérants. Elle n’en avait jamais rencontré… Son souffle restait coupé par cette rencontre.
-       Etienne, lui dit-il en lui tendant la main
-       Quoi ?
-       Si tu me dit que tu t’appelles aussi Etienne, là je joue au loto direct !
Thomasine éclatait de rire.
-Excuse ! Thomasine, mais tu peux m’appeler Tom…

Thomasine s’installa auprès d’Etienne et observa le livre qu’il était en train de lire « Les cinq personnes que j’ai rencontrées là-haut ».

-       Ça parle de quoi ? lui demanda Thomasine
-       C’est l’histoire d’un type qui meurt dans une fête foraine. Il se retrouve au « paradis », …

La façon dont il avait mimé les guillemets sur les cotés de son visage la fit sourire.
-… Et là il rencontre des gens qu’il a plus ou moins connu mais dont il a changé le cours de la vie. Tu lis-toi ?
-  Un peu….
- En ce moment, par exemple tu lis quoi ?

En ce moment ses livres se résumaient principalement à sa recherche qui l’obsédait.

-       En ce moment… Je lis beaucoup de livres sur la révolution et Marie-Antoinette…

Etienne essaya de cacher une expression de surprise, sans succès…
-       Tu n’as pas assez des cours ? ricana Etienne
-       Si… Mais quand tu explores un sujet avec, … Les détails et.. Euh… En passant par les trucs qui t’intéressent… Bah…
-       C’est passionnant ?
-       Oué… Souffla dans un sourire de soulagement Thomasine…
-       Ne le dis à personne, mais il y a deux ans, j’ai fait une recherche complète sur les sœurs Dionne.
-       Les sœurs quoi ?
-       Les sœurs Dionne.
-       C’est qui ?
-       Ce sont les cinq premières quintuplées à avoir survécues. Elles ont eu un destin de fou. Elles étaient canadiennes.
-       Mais … Ça n’a rien à voir avec l’histoire ça…
-       Bah tu vois comment la psychologie a évolué, la perception des enfants etc…
-       Mouais… Thomasine éclata de rire très vite rejoint par Etienne

Ils continuèrent de parler sans prendre garde aux autres élèves qui arrivaient. Puis ce fut au tour de leur professeur, et la matinée d’adaptation passa aussi rapidement que Thomasine aurait pu l’espérer.
Le repas terminé, Thomasine proposa à Etienne de venir passer l’après-midi avec elle. Le soleil des derniers beaux jours et l’absence des adultes eut raison de la réticence d’Etienne.

Sur le chemin, les deux ados faisaient connaissance. Thomasine n’avaient jamais rencontré quelqu’un qui lui ressemblait autant. Bien sûr, il y avait Garance. Même si elle continuait à avoir des liens pat Internet, et le téléphone, Garance était très différente d’elle. Une vraie Lolita ! Elle adorait la mode, les garçons et les bijoux. Elles s’étaient peu parlé depuis l’incident de l’été dernier, mais elle manquait à Thomasine.

-       Comment ça se fait que tu changes d’école chaque année ?

La question d’Etienne la surpris. Elle n’avait jamais fait grand cas de ces changements récurrents auprès de ses anciens camarades. La seule qui savait c’était Garance et elle savait comment ça s’était terminé…

-       C’est compliqué… Et toi ?

Le temps qu’il le lui raconte elle aurait le temps de chercher une excuse. Mieux ! Il oublierait peut-être de lui demander…

-       Mes parents sont divorcés. Jusqu’à maintenant je vivais avec ma mère. C’est une de pointures des sciences de l'éducation. Du coup on déménageait au rythme des cours et des contrats que les grandes universités mondiales pouvaient lui offrir. Je viens de passer une année entière à Rio de Janeiro !!! Mais l’année dernière, je me suis fait de vrais amis et il a fallu rentrer à Paris. Ma mère avait un contrat pour Vancouver cette année. Et je n’ai pas voulu y aller. Elle m’a proposé d’aller vivre chez mon père, qui venait de s’installer avec sa nouvelle femme. Je ne la connaissais pas très bien. Alors j’ai dit oui pour un an. Si ça ne va pas, dans un an, je repars sur les routes avec ma mère.
-       Et alors ? ça se passe bien ?
-       Ça va… Ils viennent d’avoir un petit garçon, alors ils sont assez occupés avec lui et ça me laisse pas mal de champs libres.

Thomasine poussa la porte du bâtiment où elle venait d’emménager. La conversation continuait sur la vie d’Etienne qui se montrait très mûr pour son âge.
Thomasine lui fit visiter la maison. Etienne, semblait avoir un vif intérêt pour tous les livres qui  étaient présents dans la maison. Quand ils arrivèrent dans la chambre de Thomasine, Etienne parcouru les ouvrages qui se trouvaient dans la bibliothèque de sa nouvelle amie… Il ne tarda pas à remarquer les nombreux ouvrages, empruntés à la bibliothèque sur Marie-Antoinette ou la révolution… Cela n’échappa pas à Thomasine qui voulut faire diversion.

-       Tu veux manger quelque chose ? demanda t-elle
-       Oui… Dis donc, c’est une vraie thèse que tu es en train de faire là !
-       Oui, j’aime bien…
-       Tu devrais rencontrer ma mère…
-       Pourquoi ?
-       Elle a écrit sa thèse sur la famille royale…

Thomasine resta interdit devant cette information… Mais il fallait rester discret, ça ne pas éveiller les soupçons. Le conflit avec Garance lui avait suffi, elle ne voulait pas une nouvelle rupture avec son nouvel ami.

-       Ah oué ? Et tu sais sur quoi elle portait sa thèse ? Lui demanda t-elle en posant les deux bols de glaces sur la table de la cuisine
-       Les différentes adoptions de Marie-Antoinette et la relation avec ses propres enfants.
-       Et alors ?
-       Ça je n’en sais trop rien… C’est une thèse… Un peu chaud pour moi.
-       Moi ça m’intéresserait de la rencontrer et d’en parler avec elle
-       Bah va falloir être patiente parce que ma mère ne rentre pas avant noël
-       Oui, bah ça ne presse pas …

Il lui en coûtait de dire ça. Évidemment que ça pressait : depuis qu’elle avait commencé son enquête, il lui semblait que chaque seconde comptait. On lui avait volé tellement de temps à lui mentir !
 Mais elle avait une chance insolente : quelqu’un allait pouvoir répondre à ces questions et lui fournir de nouvelles pièces de puzzle…                                                              

samedi 19 janvier 2013

Chapitre IV: Le grand départ

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         Depuis le départ de son amie, Thomasine n’avait pas adressé la parole à sa mère. La nuit, avec Garance, s’était déroulé dans le silence. Au petit matin, dans le même silence lourd, Monsieur Bastille avait raccompagné la jeune fille à la gare après qu’elles se soient dit au revoir du bout des lèvres.

 Depuis, Thomasine vivait cloîtrée dans sa chambre, elle ne sortait que pour les repas, et après avoir pris son dîner dans un silence lourd, elle remontait dans sa chambre, le pas lourd, ne laissant entrer que son chat qui cherchait un espace d’accalmie.

Mais ce soir là, les choses étaient différentes…

Vers 9h, on frappa à sa porte.

-       Tom ?

C’était la voix de son père

-       Tom ? Laisse nous rentrer… S’il te plait… Il faut qu’on discute.

Thomasine voyait là une bonne occasion de rompre cette ambiance de plus en plus difficile à supporter. Elle posa son livre et quitta le fauteuil en osier qui la consolait pendant ces moments de peines et d’inquiétudes. Elle tourna la poignée de la porte et se trouva face à son père, suivi de sa mère. Elle se rendit compte soudainement qu’elle était quasiment aussi grande que celle-ci…

Elle retourna se loger dans son fauteuil tandis que ses parents choisirent le siège de bureau et le lit de princesse devenu « trop petite fille » à son goût.

-       Tom, … voilà…

Thomasine espérait qu’enfin le secret allait lui être révélé… Enfin, les efforts de Garance n’auront pas été vains.

-       … Ce qu’on va te dire est difficile…

Thomasine sentait son souffle devenir plus court

-       Chéri, nous sommes désolé mais pour une raison dont nous ne sommes pas responsables, nous ne pouvons rien te dire au sujet de tes visions.

La colère et la tristesse montaient en Thomasine… Elle avait envie de hurler de taper et de casser tous les objets à porté de main. Pourtant elle resta comme paralysé face à tant d’injustice…

-       Mais nous avons compris à quel point les choses sont difficiles à vivre pour toi.

Sa mère reprit, les larmes aux yeux.

-       Alors nous avons pris une décision mon cœur. Nous allons déménager….
-       NON !!!!!

Le cri que venait de pousser Thomasine venait du cœur. Elle avait déjà quitté tant pour préserver un secret dont elle ne savait rien. Mais son père ne la laissa pas poursuivre.

-       Laisse ta mère t’expliquer Tom !!!!
-       Oui… reprit son épouse

Philomène prit une pause qui sembla une éternité à sa fille. Elle semblait chercher les mots justes pour ne pas créer un nouveau conflit.

-       En fait nous allons déménager à Paris. C’est là qu’avec ton père nous nous sommes connues.
-       Mais je croyais justement que vous en étiez partie parce que tu ne supportais plus la vie stressante de cette ville !!!!, Thomasine hurlait presque.
-       Les choses sont parfois plus compliquées qu’elle n’en ont l’air ma chérie…

Donc ils n’avaient pas quitté Paris pour la campagne… Mais qu’avaient ils fuit ? Thomasine allait poser la question quand sa mère reprit son discours.

-       En réalité… C’est là que se trouve la clé de notre secret… Mais tu te lance dans une quête dangereuse Tom. Nous serons là pour t’aider et te protéger, mais tu devras prendre des risques et des décisions d’adulte. Tu t’en sens capable ?
-       Sans cela, je ne pourrais pas vivre…
-       Bien, repris son père. Sache avant tout que nous ne serons d’aucune aide. Nous sommes lié par ce secret. Nous ne te dirons rien et tu dois avant tout, cesser de nous parler de ce sujet. Si tu te lances dans cette quête, saches que les minutes te sont comptées. Tu ne pourras plus reculer ou dire que tu veux cesser de trouver une réponse à ce secret. Est-ce bien claire ?
-       Je ne comprends rien papa…
-       Je ne peux t’en dire plus. Tu devras faire avec cela.
-       Tu peux me faire confiance papa…
-  Je n’en ai aucun doute, lui répondit son père avec une once de fierté qu’il cherchait à dissimulé.

Les larmes montaient aux yeux de sa mère. Elle se leva pour la serrer dans ses bras.

Le serpent était définitivement mort. Mais Thomasine ne savait pas que des dangers bien plus grands l’attendaient dans sa quête de vérité.



Trois semaines étaient passées. Rapidement, les parents de Thomasine avaient trouvé un logement grâce au travail d’Albin Bastille. Un appartement, dans le 12e, petit certes mais suffisant pour y vivre à trois.

Dès lors, l’inscription au collège du quartier n’avait posé aucun problème. Pour la première fois changer d’établissement ne lui semblait pas si difficile. Cela lui semblait une concession minime pour enfin connaître ce qu’on lui cachait depuis si longtemps, l’essence même de sa vie…

Thomasine remplissait ses cartons soigneusement. Elle observait cette chambre, son refuge, qu’elle allait quitter. « Je quitte ma vie d’enfant » ne pouvait-elle pas s’empêcher de penser. Un pincement au cœur lui arracha un soupir.

Elle jeta un regard au jardin. Le chat se prélassait dans la pelouse, inconscient de l’avenir qui se présentait à lui. Elle ramassa son vieux conte de « Blanche-neige et les sept nains ». Elle le caressa et l’ouvrit pour le parcourir. De la page d’accueil s’échappa une photo, une photo qu’elle ne connaissait pas. Une femme d’une soixantaine d’année, les cheveux blancs, courts, tenait un bébé dans ses bras. Elle approchait la photo pour mieux observer le nourrisson. La poupée !!!! La poupée de chiffon, elle l’aurait reconnue entre mille. Poupée Nina !!!! Sa poupée Nina !!!! Elle se souvenait du discours de sa mère

 « Je te l’ai acheté quand j’étais enceinte de toi. J’étais en vacances à Viennes en Autriche et j’observais cette poupée dans une vitrine. Et je t’ai senti bougé pour la première fois ! Un léger coup sur le coté de mon ventre… Alors je te l’ai acheté en souvenirs… Et tu l’as adopté dès la maternité, dans ta couveuse… »

Ce bébé… Cela ne pouvait qu’être elle-même… Mais cette femme ??? Sa grand-mère ??? Mais c’est impossible… Elle était persuadée qu’elle ne l’avait jamais connu … Mais qui alors ??? Et pourquoi se trouve t-elle là ?


La voix de sa mère la fit sortir de ses rêveries.
« Thomasine ! Tu viens manger ? »

Elle hésita un instant à descendre avec la photo pour poser des questions mais se ravisa.  Les mots résonnaient encore dans ses oreilles « Nous ne pourrons te donner aucune information… »

Elle rangea la photo dans son livre de chevet et rangea son conte d’enfant dans le carton « bibliothèque ».

Elle passa son repas, à donner le change en ne parlant uniquement du prochain déménagement et de la désagréable tâche de faire des cartons. Mais ses pensées restaient bloquées sur cette photo.

Après le repas, Thomasine trouva un vieux carnet rose à spirale que sa tante Lau lui avait offert à son dernier anniversaire. Elle avait enfin trouver une utilité à ce jolie carnet à fleur. Elle saisi le stylo qui était offert avec et incrit sur l’étiquette de la couverture « mon secret ». Comment l’appeler autrement ?

Elle commença à faire une liste des différents indices dont elle disposait.

Liste des choses que je sais

-       Mon don
-       La photo de cette femme et moi bébé
-       Ma vision de Marie-Antoinette
-       Maman a dit que cela faisait 200 ans que nous portions le secret
-       Impossibilité d ‘en parler
-       Paris lieu du secret
-       Philippine

« Marie-Antoinette » et  « 200 ans » était forcément liés. Mais Thomasine ne voyait pas vraiment le lien avec sa famille… « Paris, lieu du secret ». Là aussi, il y avait sans doute un lien avec les deux premiers indices.

« Philippine »… Ce nom ne lui disait définitivement rien… Etait-ce la femme sur la photo ? Etait-ce lié à Marie-Antoinette ?
Par curiosité, Thomasine s’installa devant son ordinateur et tapa directement sur google :

Marie-Antoinette Philippine


Une dizaine de pages se présentent à elle. Mais la première attirait déjà le regard de la jeune fille :

Marie Philippine Lambriquet (la mère) meurt le trente avril 1788 et est inhumée le lendemain. Il semble que c'est suite à ce décès que Marie-Antoinette ...
madame royale.free.fr/lambriquet.htm -
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Thomasine n’en croyait pas ses yeux… « Marie Philippine »… Elle hésita un instant à cliquer sur le lien existant… Elle se doutait que dorénavant rien ne serait pareil.


Marie Philippine Lambriquet est née à Versailles le 31 juillet 1778. La façon curieuse dont elle à été élevée, les confirmations données par des serviteurs de la famille royale ainsi que sa position dans le "Registre des Enfants de France" (registre où sont consignées toutes les dépenses faites exclusivement pour les Enfants de France, c’est-à-dire pour les enfants du roi) nous laissent penser qu'elle est la fille de Louis XVI. Tout comme la "Comtesse des ténèbres", elle n'a jamais rien revendiqué. L'historien Montjoye la supplie de révéler son identité. Elle se marie officiellement à un nommé Prempain, et meurt en 1813, peu avant la Restauration.

La fille de Louis VI ? L’image qui lui était venu à l’esprit lorsqu’elle avait relu sa page de son livre d’histoire, lui revient en mémoire. Ses visages qui lui semblaient si familiers… Marie-Antoinette … Sa fille… Puis une autre vision s’imposa à elle…

De beaux appartements… Des rires de petites filles… Elle ne voyait rien, simplement, elle entendait une petite fille rire aux éclats et une voix d’adulte lui souffler :
-       Mademoiselle Ernestine, il va falloir attraper Madame Royale au moins une fois… Cela fait la troisième partie qu’elle gagne …
La sensation d’un ruban sur les yeux… Les rires d’une enfant…

En quelques secondes Thomasine était revenu à son ordinateur… Madame Royale, oui… Elle avait déjà entendu ce nom en classe… Elle n’en était pas sure, alors elle tapa à nouveau dans la banque de recherche :


Madame Royale


Wikipedia ne laissa aucun doute à ses craintes. Madame royale n’était autre que la fille aînée du couple de Louis XVI et de Marie-Antoinette. La seule à avoir survécu à la révolution…

Mais qu’est ce que sa famille avait à voir avec tout ça ??? Quel était le lien avec cette photo ???

Soudain, elle réalisa que dans sa vision, il ne l’avait pas appelé « philippine » mais « Ernestine ».

Thomasine replongea dans ses recherches…

Ernestine

Marie Philippine est donc adoptée en 1788, peu après la mort de sa mère. La reine la rebaptise Ernestine (peut-être du nom d'une de ses soeurs). Elle est installée chez Mme de Polignac: on peut donc raisonnablement penser que l'"adoption" n'était pas prévue avant le 16 août, date de l'émigration de celle-ci, ou bien que l'on attendait la libération d'un appartement conséquent. Le 26 août, on retire tous les meubles -anciennement l'appartement des filles bâtardes de Louis XIV... - Hypothèse personnelle: Marie Philippine n'est, elle installée au château, adoptée en quelque sorte par la Reine, que le jour... de la Sainte Ernestine, soit le 7 novembre actuellement? En tout cas, c'est deux jours plus tard que le Roi signe le brevet de pension à compter du premier avril. Elle est traitée exactement de la même façon que Madame Royale, reçoit les mêmes fournitures du même prix, prend des cours chez les mêmes professeurs... toutes ces dépenses sont consignées sur le Registre des Enfants de France, registre destiné exclusivement aux Enfants de France, c'est à dire aux enfants du Roi: les enfants du comte d'Artois eux-mêmes n'y sont pas marqués.



-       Ernestine et Philippine ne font qu’une… Mais en quoi cela concerne notre secret de famille ? Pourquoi ces visions ?
  
Thomasine commençait à se demander si ses visions avaient vraiment un rapport avec son secret, si un « esprit » venu de l’au-delà ne voulait pas qu’on l’aide à résoudre un quelconque problème…

Thomasine s’assit sur le bord de la fenêtre et commença à parler avec des esprits imaginaires, attendant une réaction en chaîne. Mais tout resta, normalement calme.

« - Tom ? Tu as fini avec le scotch ? »
Sa mère la ramena à la réalité. Thomasine n’était pas une héroïne de série télé. Son don était plus une charge qu’un cadeau. Elle n’était pas fière de ce qu’elle était. D’ailleurs qu’était-elle  au fond ???

« Ernestine si tu m’entends montre moi la voie à suivre » chuchota t-elle.

Mais rien ne se produisit. Ses recherches allaient être plus rationnelles qu’elle ne le pensait… Du moins c’est ce que l’instant lui laissait croire…
























dimanche 13 janvier 2013

Chapitre III: Trahison et complications


Trahisons et complications


         Thomasine remonta l’escalier quatre à quatre et revint dans sa chambre juste à temps pour voir par la fenêtre la voiture familiale du père de Garance tourner au bout de la rue et s'engager dans l’allée. Ça faisait huit ans qu’elles ne s’étaient pas revues, mais elles avaient gardées contact grâce à Internet, le courrier et le téléphone. Le chemisier très « in » de Garance était visible à 800 mètres à la ronde par sa couleur jaune fluo et contrastait avec le T-Shirt de Thomasine.
         Elle attrapa Siméon le chat qui avait bien grandi et dévala les escaliers pour sauter dans les bras de son amie. 

Les retrouvailles furent longues. Garance était venue passer tout un week-end chez Thomasine et dimanche, elle fêterait toutes les deux leurs 13 ans en allant voir le feu d’artifice du 14 juillet dans le village d’à coté. La maman de Thomasine avait même promis que si elle étaient sages, alors elles auraient le droit de d’aller faire un tour toutes les deux à la fête foraine le dimanche après-midi.
         Le samedi passa rapidement, elles se contentèrent de faire des activités manuelles ou des allers-retours dans la piscine du jardin.


La fin de la journée approchant, les filles décidèrent de dormir dans la pelouse pour plus d’intimité. Le père de Thomasine rechigna un peu, mais se retrouva à court d’argument devant le sourire enjôleur de sa fille. Il sortit la vieille tente quechua qui n’avait jamais servie, puis l’installa sous les fenêtres de la chambre parentale.
 Une fois la tente plantée, les filles se ruèrent dedans pour commencer une longue nuit de chamaillerie et de confidences. L’obscurité commençait à envahir la tente, l’air se rafraîchissait. Déjà les lampadaires de la rue s’éclairaient
Garance en profitait pour fermer totalement la tente afin de rentrer définitivement dans la période des confidences. Après une bonne heure à parler des garçons, le visage de Garance se referma. Thomasine s’en rendit compte rapidement. Très vite elle l’interrogea.

-       Garance, ça va, tu as des problèmes ?
-  Tom, tu sais je ne t’ai jamais posé la question parce que je me disais qu’il y avait peut-être des gens qui pourraient lire ou écouter ce qu’on disait mais…

Il y eu un bref silence pendant lequel Thomasine eut un sourire. Elle voyait mal quel adulte pouvait bien vouloir épier la conversation de deux ados de treize ans.
-… Mais je me souviens de notre dernier jour de maternelle.

     Sans qu’elle n’y prenne garde Thomasine sentit le serpent de l’angoisse refaire son nid au creux de son estomac… Elle commençait à avoir froid malgrè la soirée estivale qui s’offrait à elles. Elle cherchait déjà ses mots.

-       Moi aussi je m’en souviens. On n’était pas aller au cirque
-       Arrête Tom… Tu sais de quoi je parle…
-       Tu sais, parfois on s’invente des trucs quand on est petit.
Thomasine fut elle-même surprise du ton qu’elle venait d’employer. Elle reprenait sans vraiment le vouloir les mensonges de sa mère
-       Tom… Tu parles à ta plus vieille copine… à celle qui t’a soutenu ce jour-là… Huit ans plus tard, j’ai quand même le droit de savoir ce qu’il s’est passé non ?

Thomasine percevait une pointe de colère dans le discours de son amie. Mais ça faisait maintenant huit ans qu’elle faisait semblant de ne rien percevoir chez Garance. Pourtant elle savait déjà que les dix prochaines minutes seraient  plus dures à tenir que les huit années précédentes…

-       Garance…
-       Non ! Tom ! je veux qu’on en parle et tu ne t’échapperas pas une fois de plus par des pirouettes improbables !!!

D’ou tenait-elle ce discours d’adulte ??? Les mots de Garance semblaient atterrir lettres par lettres dans son estomac et offrir les victuailles suffisantes aux serpents qui se faisait une joie de s’installer. Malgré la pénombre, Elle devinait un visage déformé par la rage. Mais quoi dire ? Thomasine ne savait pas qui trahir ? Sa famille qui ne lui disait rien mais affirmait que si elle parlait un terrible malheur s’abattrait sur la famille ou son amie qu’elle allait perdre si la vérité n’explosait pas en cette soirée de juillet…

-       JE PEUX PAS !!!!
-       Quoi ?
-       Je n’ai pas le droit d’en parler… Et puis te parler de quoi ???? Ma mère elle-même ne veut pas m’en parler !!! Je suis une magicienne dont la baguette magique a été confisquée !!!!  J’EN PEUX PLUS DE CETTE HISTOIRE GARANCE !!!! J’EN PEUX PLUS !!!!!

De grosses larmes coulaient sur le visage de Thomasine tandis que Garance était prostrée sur son sac de couchage qui lui servait de lit. Elle n’avait jamais vu son amie dans un tel état.

La porte du jardin s’ouvrit de toute volée. Les filles restaient pétrifier par cette inquisition dans leur espace privé que représentait le pas de sa mère dans les graviers du jardin. La fermeture éclaire se releva d’un coup et chacune fut aveuglées par la lumière blanche de la lampe de poche de Madame Bastille.

-       Qu’est-ce qu’il se passe ici ?
-       Rien maman… Rien…

Mais la colère montait chez Garance. Personne n’allait donc lui expliquer ce qu’il se passait dans cette maison ??? Pourquoi Thomasine semblait-elle si malheureuse ? Pourquoi ne pouvait-elle rien dire ? Pourquoi ne savait elle rien ????

-       Si il y a Madame !!! Il y a !!!! Je me souviens de cette dernière journée de maternelle où l’on devait aller au cirque
-       Quoi ?
Un uppercut n’aurait pas plus assommé Philomène.
-       Les prédictions de Tom, les enfants qui pleuraient, le cirque annulé… Et l’accident…
-       Bon… De quoi me parles-tu Garance ?

L’angoisse était déjà perceptible chez l’adulte et la jeune fille tenait bon. Thomasine interdite, attendait la suite des événements.

-       DE QUOI JE PARLE ?????  JE PARLES DE VOTRE FILLE QUI EST MALHEUREUSE, QUI ME MENT DEPUIS 8 ANS, QUE JE FAIS SEMBLANT DE CROIRE, JE PARLE DE SA PREDITION UN MATIN DE JUIN, JE PARLES DE TOUTES CELLES QUI ONT SUIVIE, JE PARLE DE…
-       STOP !!!!! Je crois qu’il vaudrait mieux que tu rentres Garance…
Les jeunes se regardaient avec beaucoup d’incompréhension
-       Maintenant ? demanda Thomasine
-       À la première heure demain matin…
-       Mais maman…
-       Il n’y a pas de « mais maman ». C’est comme ça…
Calmement Thomasine s’extirpa de sa tente alors que sa mère faisait déjà demi-tour en direction de la maison.
-       Maman ! C’est quoi ce secret hein ? Qu ‘est-ce qui puisse être si dangereux pour m’empêcher de grandir ? pour me couper des gens que j’aime, de connaître ma famille et mon histoire ? Qu’est-ce qui te fait si peur ?

Sa mère ne répondit pas.
Ce que Thomasine ne voyait pas, c’était les grosses larmes qui coulaient sur les joues de sa mère.